LES CHOSES NE SE PASSENT JAMAIS COMME PRÉVU
Le représentations sont trompeuses
On peut se demander si c’est parce que l’on n’arrive pas à percevoir la façon dont elles sont censées se produire.
Ou si c’est parce que l’on ne parvient pas à surfer sur la vague de l’imprévisible.
Ou même si c’est parce que la vie fait de son mieux pour ne pas nous laisser le contrôle.
Et si le problème résidait dans l’image que l’on se fait de ces « choses »?
L’image précède les événements ou les suit. Elle ne les capture jamais vraiment.
Peut-être que les images que nous créons sont le signe même de notre incapacité à voir ce qui se passe.
Le réel respire entre les images que l’on s’en fait. Pas dans les formes et les définitions, mais entre elles.
Là où cette image se fissure, le réel jubile.
On ne peut pas forcer la réalité à entrer dans une image. Mais on peut affiner l’image, la préciser, l’ouvrir, la questionner, s’en servir de point de départ pour le dialogue et la recherche d’un consensus.
C’est la même chose avec les mots et tout autre signe. Ce sont des outils.
Ces outils (les définitions, les images, les représentations) sont faits pour être améliorés. Ils ne sont pas le but, mais le moyen.
Ainsi, le corps, l’unicité, les expériences de vie, ne devraient pas devoir se soumettre aux représentations pour être entendues et validées. Ce sont au contraire les représentations qu’il faudrait s’efforcer de peaufiner, d’adapter, de pousser au-delà de leurs limites. Et quand ce niveau de raffinement s’avère impossible, alors, il faudrait s’autoriser le bénéfice du doute.
Autoriser le bénéfice du doute, c’est déjà communiquer
C’est là que j’accompagne ma clientèle dans mes sessions de formation et conseil en communication. Et c’est là que moi-même, je m’efforce de m’améliorer.
Le premier constat que je fais après ces quinze années d’expérience est le suivant : rien n’est évident.
Considérez un instant la possibilité de questionner vos réflexes. Sauf si vous craignez de vous confronter au décalage qui existe entre ces réflexes et vos réelles convictions. Parce que oui, il y a un décalage probable entre les mots que l’on a appris passivement et ceux qui traduiraient bien mieux notre pensée.
Exemple assez banal qui m’est arrivé l’autre soir lors d’un événement pour les femmes entrepreneures : une dame, tout à fait aimable, assez nerveuse aussi, a répété plus de cinq fois en moins d’une demi-heure qu’il fallait « rester positive » quoi qu’il arrive. C’était moins la formule qui m’agaçait que la répétition de la formule. De plus, elle jurait avec la nervosité qui transparaissait sur son visage et dans son attitude. Je n’ai pas pu m’empêcher de douter de l’authenticité de ce message. Jusqu’où iriez-vous pour « rester positif/ positive »? Jusqu’à nier les angoisses qui vous traversent? Jusqu’à étouffer les sentiments d’injustice qui ponctuent votre quotidien? Jusqu’à valider l’opinion de quelqu’un avec qui vous êtes en profond désaccord?
Attention aux phrases toutes faites. Vous avez le droit de trouver un mot creux et une intuition plus solide qu’une convention.
Deuxième constat : les mots ont leur propre réalité. Ce sont des constructions que des êtres humains (et je devrais préciser que les êtres humains dont je parle sont seulement ceux qui ont eu certains privilèges) ont érigées sur ce qu’ils percevaient comme « le réel ».
Cherchez à expliquer qui vous êtes avec des mots, vous ne ferez comprendre à votre interlocutrice/ interlocuteur qui vous êtes que sous la forme de mots. Un joli portrait, certainement, oui, mais seulement fait de mots.
Si vous êtes artiste, peut-être parviendrez-vous aussi à faire ressentir qui vous êtes. Et là encore, vous serez tributaire de formes plus ou moins codifiées et limitées.
L’humilité est de mise quand on communique. S’il est plus facile de s’en rendre compte quand on voyage dans un pays étranger, alors que l’on bafouille et tente de formuler quelques idées dans une langue qui n’est pas notre langue maternelle, il est moins aisé de s’en rendre compte quand on parle notre « propre » langue.
Et ce sera le dernier constat que je ferai pour l’instant : parler sa « propre » langue est une illusion.
La langue ne nous appartient pas. Son histoire nous devance. Et cette histoire n’est pas linéaire.
Elle n’obéit pas aux règles territoriales non plus. Il suffit pour en prendre conscience de faire quelques recherches sur l’étymologie.
La langue obéit à des règles parfois aliénantes qui n’ont dans tous les cas aucun rapport avec notre vraie personne. Remplir des formulaires absurdes qui vous obligent à cocher les cases les plus réductrices, nous l’avons (presque) toutes/ tous fait.
La communication est une affaire à la fois sérieuse, cocasse, prometteuse et décevante.
Avancer à tâtons, se cogner, se tromper, changer de direction, trouver la sortie. Le plus important est de faire de son mieux pour ne pas trop abîmer ce corps. Car celui-ci, il est unique.
DE / Schlüssel Wörter : Kommunikation, Beratung, Ausbildung, Wörter, Realität, Repräsentationen, Französisch, Kurs.
EN / Keywords : Communication, consulting, training, words, reality, representations, French language, course.
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