ESSOUFFLÉE
Le rythme des mots
J’ai couru.
Couru à en perdre le souffle.
Mon souffle dans sa nuque.
Sa nuque découverte.
Découverte des antipodes.
Podium de la déesse de la victoire Viv
Sans queue
ni fête.
Capitale ma peine
j’en ai perdu la tête.
Capital soleil brûlé
Burn out of the closet
Sortie du placard
Cardiaque mon arrêt
de bus jamais passé
toujours présent
rêvant d’immédiateté.
J’ai pris mon Canon et j’ai mitraillé.
Canon à poudre l’Oréal
D’aurores boréales en chambres d’hôtels
Les gens me prenaient pour plein de choses
reporter, photographe, auteure, agent secret
007, 008, 009
je ne sais plus compter
combien de versions de moi j’ai croisé(e)s
croissance
midlife crisis
Sisyphe n’est plus un mythe
et le présent est toujours passé.
Mais j’ai continué.
Nuées d’oiseaux
troubles
blessures bleutées
terrains inconnus
de ma nudité
terrains minés
névrose rouge
à lèvre détaxé
à l’aéroport de Zurich
richesse sécheresse
la chasseuse voulait être cueilleuse
et ne m’a pas accueillie
à l’aéroport de Christchurch
tous les dieux se sont barrés
mais moi déesse de la victoire queer et sans queue
ni tête
je n’ai pas capitulé.
J’ai allumé quelques bougies et je me suis brûlée
Je ne sens plus mes doigts tant j’ai échoué à toucher
bouchées doubles
des douches froides aux bains bouillants
Je lave ta peau
terre de nos tremblements
Tu laves mes cheveux
lave de notre volcan
éruption
secousses
au secours
ne venez jamais.
Laissez-nous mourir
en liesse.
Liasses de billets envolées
Ludique consomme et perd aux jeux.
Lucide consume la mèche et n’a pas de prix.
Les déesses élisent résidence permanente dans un état
d’ébriété
saoules de sel
tsunami de peau mouillée
sous les eaux de celle
qui sait me faire déborder.
C’est un état sans roi.
Le présent est mort vive l’immédiat.
Copyright, Viviane Welter, 2022.